Si le titre peut paraître surprenant
et jonché d'une pointe d'humour, je préfère vous prévenir que mes
propos seront de loin les plus sérieux abordés sur ce blog. Ce
sujet me tracasse depuis près d'un mois et je n'avais pas encore
sauté le pas de déposer mes cris muets sur une page Word. Cela fait à peu près cinq mois que je suis arrivée
dans cette jolie ville lyonnaise, à peu près cinq mois que je
profite des balades sur les quais et de la rapidité du métro, et à
peu près cinq mois que rentrer seule le soir me paraît pas très
recommandé, voire dangereux. Je sens déjà chez le lecteur le «
c'est évident voyons». Mais non, pour moi cela ne me paraît pas
«évident» que la conscience de vivre dans un monde où être seule
te porte préjudice soit irrémédiable. Cela ne me paraît pas non
plus évident que les filles ne puissent plus porter une jupe de 30
cm ou une robe sans qu'un regard vicieux ou que des invitations
houleuses se fassent remarquer; ou bien des sifflements. Car oui,
appâter la gente féminine avec des airs de maître qui demande à
son chien d'accourir semble vertueux pour certains. Bien que seul le
sentiment de dégoût en résulte. Ainsi, je porte mon clavier à ce
jour, dans cette société phagocytée par les pixels et la
consommation d'images, pour déverser mes torrents de révolte contre
ces hommes infâmes et écœurants. Cette espèce sordide à la main baladeuse dans les métros, les yeux
vitreux dans les ruelles faiblement éclairées, le sourire vicieux au bureau ou bien encore en bande la
journée. Cette espèce nauséabonde qui vous vomit des élans pervers qui
sont pour eux des compliments, qui vous accable de fantasmes
répugnants en vous dévisageant de haut en bas, qui vous encercle de
solitude et vous terrasse d'un malaise que les faibles regards en
coin des témoins ne pourront vaincre. Et ne voudront vaincre. Car si
j'écris aujourd'hui, c'est aussi pour mettre en lumière ceux qui se
cachent derrière des regards fuyants, qui tournent la tête dès que
leur aide devient importante. Ceux qui «collaborent» avec l'espèce
ignoble qui vous salit en un regard. Par peur, par souci de
déstabiliser leur petite routine ancrée dans un chemin bien droit
et sain, ils ne font rien. Des œillères auraient été plus
convaincantes sauf que c'est leur simple volonté qui leur dicte de
ne pas agir et de laisser une autre personne seule, impuissamment
seule. Nous sommes pourtant tous issus de la même espèce, celle qui
ne s'excite pas devant les premières paires de jambes dévoilées et
qui ne propose pas de «baiser» à toutes les jeunes filles
rencontrées. Et pourtant, la solidarité et le courage n'est pas
toujours acquis chez tous les individus. Car oui, il en faut du
courage pour affronter une personne instable, imprévisible, lui
faire face. Et pour le maudit résultat de quoi? Aider quelqu'un et se
battre pour ses propres convictions. A croire qu'il existe une autre
espèce, celle des gens qui se taisent.
Liberté, Egalité, Fraternité ?
écrit pour Aujourd'hui Encore en mars 2015
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